cette carence. Dessin pornographique, et non érotique. Distinguo tendancieux, qui nous guide cependant : la pornographie illustrée décrit des actes sexuels, quels qu’ils soient. 

Les dessinateurs (et les dessinatrices !) italiens sont évidemment à l’orée de cette Renaissance. Commençons par une femme, Giovanna Casotto, et ses somptueuses brunes (bon : il y a quelques blondes aussi) Sa série « Selen » et ses « Oh, Giovanna » « Giovanna si », etc – ils y en a cinq - sont remarquables. Un détail : la dessinatrice ressemble à l’une de ses modèles, et elle a même été prise en photo par Saudelli. Chez Cassoto, on se ligote un peu, mais surtout on s’exhibe à deux, à trois…
Franco Saudelli, l’inspirateur de Cassoto : à voir également, pour ses amusants dessins de bondage. Saluons bien bas Luca Tarlazzi (plus cru que Saudelli), auteur d’une série « Selen », comme Cassoto. Ses « Sex in Italy 1 et 2 » et son « Sévices compris » valent vraiment le détour.


Continuons le panorama transalpin des maîtres du dessin pornographique par Paolo Eleuteri-Serpieri, connu mondialement et à juste titre par sa série « Druuna ». Un dessin précis, sensuel, des femmes superbement callipyges… Saluons aussi, évidemment, Milo Manara, immense talent plus consacré dans l’érotisme élégant (voir son « Déclic », mais dont nous pouvons trouver quelques éléments de pornographie dans quelques «cartes », spécialement dans « Hard Games ». Et finissons ce panorama italien par un plus ancien (né en 1931), mais tout aussi sublime, Léone Frollo : ses femmes d’une beauté parfaite, au physique élégant et délié, aux seins hauts et ronds(Voir, entre autres, sa série « Casino »), aiment manier le fouet - souvent entre elles. 



En France, l’extraordinaire Alain Frétet (auteur de toutes les couvertures des « Interdits » chez Média 1000) dont nous conseillons les « Mémoires d’un branleur » et… tout le reste, traite de perversions extrêmes, sans pour autant s’adonner particulièrement au bondage ou au bdsm. Mais quelles débauches, et quel talent !
Nous adjoindrons à cet hommage aux dessinateurs français Hugdebert, remarquable non seulement pour son dessin harmonieux, la précision des décors et costumes, mais aussi par son inspiration, qui détourne sulfureusement de belles œuvres comme « Bel Ami » de Maupassant, ou « un Amour de Swann » de Marcel Proust, dans lequel nous voyons enfin Charles Swann et Odette « faire catleya ». Merci, Hugdebert. 



Nous complèterons le podium tricolore (dans le désordre, à chacun de faire son classement) par Arcor, pseudonyme d’Angelo di Marco, maître du réalisme, de l’expression du visage, du fait divers (revue Détective) et, sous le pseudo d’Arcor, du sexe violent. Ses mises en scènes « cinématographiques » dignes des anciens films noirs américains couplées à l’érotisme le plus cru donnent des résultats saisissants. Voir « La clinique de tous les désirs», « Eva naissance d’une star », etc.

Citons un excellent représentant de l’Espagne, Josep de Haro, et son stylisme quasi photographique (« Prénoms de Femmes »). Outre-Manche, règne Erich von Götha. Nom germanique, pseudo couvrant pudiquement l’identité d’un peintre anglais. Et de la pudeur, Erich von Götha n’en a aucune. Nous l’apprécions beaucoup, mais sommes certains que vous le connaissez déjà. Janice, Cécile, ça vous dit quelque chose ? 

Mais si von Götha est le roi en Angleterre, la Reine est
incontestablement Paula Meadows, pseudonyme de Lynn Paula Russel, d’ailleurs « adoubée » par von Götha. Curieuse femme, cette Paula, qui a tourné dans des films X : elle est ravissante, et quelques-uns de ses personnages lui ressemblent. Lisez « Sabina », ainsi que le délicieusement pervers « Summer vacation ». 


Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le choix n’est pas immense. Certes, il y a quantité de dessinateurs érotiques, mais surtout des auteurs de « comics » tournés vers un humour décapant et une sexualité débridée mais non montrée, tel Crumb, ou encore des dessinateurs de fantastique tel Corben, ou enfin un nombre incalculable de dessinateurs fétichistes (Willie, Ward, Stanton, etc. ) ou purement bdsm. N’oublions pas que la censure après-guerre contre les comics a été extrêmement sévère. Néanmoins, nous trouvons quelques artistes grâce à la libération des mœurs – et des œuvres. Ainsi Julius
Zimmerman est-il carrément pornographique, tout en exprimant un goût pour la parodie (Blanche-Neige, le Petit Chaperon Rouge, etc) qui désamorce, disons-le, l’excitation du lecteur. 
Alors ? Tournons-nous vers Rebecca Hap et ses indispensables « Housewives at play », qui vous montrent la middle-class américaine façon Wisteria Lane en déchaîné.




Régal encore avec Yair Herrers, disponible par « e-comix » uniquement semble-t-il, et ses ravissantes élèves dépravées (« schoolgirl’s revenge »).

Petite mention spéciale également au dénommé Bobby Luv et ses
transsexuels en chaleur, et surtout à un véritable peintre, C.L.Wilson, qui présente des œuvres non pas à feuilleter mais à accrocher au mur. Et c’est assez saisissant.

Puisque nous avons quitté la BD, n’oublions pas que le domaine pictural pornographique connaît de nombreux peintres et dessinateurs de qualité spécialisés dans l’homosexualité. Deux noms, l’inévitable et talentueux Tom of Finland, et Neele Bate (mort en 1989), dont nous vous conseillons fortement de voir les œuvres. Terminons notre voyage outre-Atlantique (et notre voyage tout court, qui n’a été, nous en avons conscience, qu’un rapide survol) par le Canada, puisque s’y trouve Christian Zanier, dont les jouissifs « Banana Games » sont publiés en France chez Tabou éditions. 
Plaisirs sensuels & Plaisirs du sexe
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